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Une fois n'est pas coutume, ce récit sera celui
d'un "non-vol", roulage, interruption du décollage et retour au parking. Un
retour d'expérience qui sera peut-être utile à d'autres. |
Dures vacances où il faut gérer les gros problèmes de
santé de ma maman, aller tous les jours à des rendez-vous médicaux et à
l'hôpital, se relever plusieurs fois chaque nuit ; je suis fatigué, usé...
Un autre pilote du club vient me prévenir des événements ; le Cessna des parachutiste vient d'avoir un accident, on n'en sait guère plus. Rapidement le terrain est envahi par une foule imprévue : gendarmes, pompiers, inspecteur de la DGAC... Le stress monte ! Fabien m'appelle au téléphone et arrive en courant : "Le F-GVHS est bloqué suite à un souci de vibrations, j'ai besoin du QB pour aller repérer l'avion des paras..." En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, j'ai débarrassé mes affaires et il décolle. Le stress monte ! L'avion des paras est repéré, suite à une panne moteur le pilote a réussi à le poser sans dommages dans un champ de maïs, c'est déjà ça. Seconde préparation, et on s'installe à bord. Devant nous Jacques, notre chef pilote, décolle avec le HS, Je fais les essais moteur et nouvelle dose de stress, il me semble que la magnéto droite est un peu plus faiblarde que la gauche, second essai normal, ce n'était qu'une impression. Autre impression, il me semble que le bruit du moteur est inhabituel, je ferme les aérateurs pour vérifier si la vibration ne vient pas de l'air qui entre dans le cockpit, la différence est infime mais j'ai quand-même le sentiment qu'il y a une différence par rapport aux autres vols. Je m'aligne piste 08... c'est parti... ou presque ! L'accélération est normale, tous les paramètres sont dans le vert, pas de souci... L'aiguille du badin monte doucement : 20 kts... 30 kts... 40 kts... 45 kts... et puis semble s'immobiliser ! Une seconde, 45 kts, 500 mètres de piste devant nous... deux secondes, 45 kts, 475 mètres de piste... 3 secondes, 45 kts, 450 mètres... Pierre est en train de préparer son appareil photo, il n'a rien remarqué d'anormal. Je réduis subitement les gaz, l'aiguille du badin fait un saut à 50 kts, je freine et annonce "Vesoul, F-QB, décollage interrompu, je remonte la 08". Depuis l'autre avion Jacques m'appelle : "Qu'est-ce qui se passe ?" Je lui expliquer sommairement la situation et rentre au parking. Une fois de plus j'ai le sentiment que le moteur ne fait pas le même bruit que d'habitude. On rentre l'avion et j'attends que Jacques finisse son vol pour jeter un coup d'œil. On ne voit rien de particulier et le point fixe ne révèle aucune anomalie. Tout semble normal, il part faire un vol de contrôle. Il pousse "la bête" avec quelques évolutions serrées. Retour au parking avec un bruit d'horloge. La première explication semble logique "Ce n'est pas grave, vous avez appris l'accident des paras juste avant de monter à bord, c'est une réaction normale. Le stress vous a amené à trouver des bruits anormaux, de plus l'avion sort de maintenance et les réglages du moteur ont été légèrement changés". Je ne suis qu'à moitié satisfait de l'explication, c'est vrai que tous ces événements ont pu modifier mon jugement, que les réglages du moteur et de l'hélice ont pu modifier le bruit, mais je reste certain que j'ai bien analysé la vitesse et que je n'avais pas la puissance normale. Effet de la chaleur ? Vapor-lock ? Je revois le déroulement du décollage de nombreuses fois et finis par douter de beaucoup de choses mais reste persuadé qu'il y avait un problème certainement accentué par mon état de fatigue et de stress. Trois secondes c'est à la fois très court pour analyser une situation complexe et prendre une décision, mais étrangement ces trois secondes ont semblé une éternité tant il y avait à faire et je n'ai même pas ressenti de doute, je devais interrompre le décollage. Reste un sentiment étrange de ne pas avoir pu répondre à une simple question : l'interruption du vol était-elle nécessaire ? Me suis-je trompé ? Dans tous les cas la décision était bonne car décoller avec un doute aurait été encore plus stressant. Finalement il faudra attendre 48 heures pour avoir l'explication et la réponse à toutes mes questions. Jacques m'informe par mail que si les vols du lendemain se sont déroulés normalement, un autre pilote a eu le même problème lundi matin. La "panne" est enfin localisée, un serre-câble de la manette de régulation d'hélice était desserré et le passage plein petit pas était perturbé, ce qui explique le bruit inhabituel du brassage de l'air au décollage et la difficulté à obtenir la vitesse de rotation. Etrangement je suis finalement soulagé que ce soit bien une panne, mes doutes trouvent des réponses et la rapidité et mon jugement ainsi que de ma décision d'interrompre le décollage me rassurent. |